Snowden, l’espion qui défia Big Brother

Cinéma : Après « Wall Street », « JFK » ou « Né un 4 juillet », Oliver Stone plonge à nouveau dans l’histoire de l’Amérique. Cette fois, il cible le lanceur d’alerte, Edward Snowden. Révélateur.

Alfred Hitchcock appelait ça un « MacGuffin ». Un objet mystérieux qui circule tout au long du film et le fait avancer, une sorte de fil rouge révélateur. Ici, le « MacGuffin » est un Rubik’s Cube. Il apparaît la première fois quand #EdwardSnowden donne rendez-vous aux #journalistes du « Guardian » auxquels il promet de révéler le #scandale du siècle. Ils devront l’attendre sous un crocodile en plastique dans un « mall » de Hong Kong ; il aura le fameux cube à la main. Contact réussi.

Le Rubik’s Cube apparaît une seconde fois quand Snowden doit sortir de la #NSA une puce informatique où il a enregistré toutes les preuves. Au moment de passer les contrôles, il l’envoie par-dessus les détecteurs, sous forme de blague, directement dans les mains du vigile qui le laisse passer sans sourciller. Exfiltration réussie.

Enfin, en juin 2013, au bout des trois jours d’interview avec les journalistes du « Guardian » dans sa chambre d’hôtel anonyme de Hong Kong, Snowden offre son Rubik’s Cube en gage d’amitié à la journaliste qui a filmé leurs entretiens, lesquels feront le tour du monde. Transmission réussie.

Lanceur d’alerte

Edward Snowden est un #héros des temps modernes. Il est celui qui a affronté, seul, le #BigBrother prophétisé par Orwell dans « 1984 ». Il n’était pas destiné à être le #lanceurdalerte le plus ravageur de sa génération. Quand il décide de tout révéler aux #médias, il n’a que vingt-neuf ans. Il abandonne une situation en or. Il vit à Hawaï avec sa petite amie, il gagne beaucoup d’argent. Il pourrait fermer les yeux sur ce qu’il voit, taire ce qu’il sait. Mettre ses mains sur ses yeux, sa bouche et ses oreilles comme les trois petits singes de la légende. Après tout, il est l’un des plus brillants sujets de la NSA. Il pourrait épouser sa compagne et avoir beaucoup d’enfants comme dans les contes de fées. Il fait le choix inverse. Ce sera un cauchemar.

Constitution

Rien n’était écrit. Au départ, Snowden est un jeune homme de droite qui aime son pays. Il croit dans les vertus de la Constitution américaine. Son grand-père était amiral, son père dans la Garde civile. Lui-même s’apprêtait à entrer dans les Forces spéciales. Malheureusement, il se brise deux jambes au cours d’un entraînement commando. Il se récupère dans les services de renseignement qui reconnaissent en lui un as de l’informatique.

Snowden joue le jeu du #renseignement ; mais peu à peu, il se met à douter. Lui qui croyait dans les vertus de la Constitution américaine découvre le cynisme et la violence du système de #surveillance mis en place. Parfois, c’est pour la bonne cause. L’Amérique, à cette époque, est traumatisée par le ­11 Septembre et tous les moyens sont bons pour détruire l’ennemi. En revanche, parfois, des geeks à peine sortis de l’université aux manettes de leurs commandes manipulent à des milliers de kilomètres de distance des drones qui vont tuer des enfants et des familles entières.

Dégoûté, Snowden décide de passer à l’action, convoque un journaliste du « #Guardian  » qu’il avait repéré pour son courage dans une chambre d’hôtel de Hong Kong. Là, il lui donne une clef USB dans laquelle il y a tout. La bombe est lancée. Edward Snowden, qui agit à visage découvert, a juste le temps de sauter dans un avion pour Moscou. Il y est toujours.

À lire aussi
Thierry Gandillot / Chef de service |
lire sur lesechos.fr

Découvrez d'autres articles :

Laisser un message