Edward Snowden, traître ou héros ?

Pour information, Le Mur des Insoumis ne partage pas cette analyse relativement négative sur Edward Snowden.

LE CERCLE/POINT DE VUE – La sortie du film « Snowden » aux Etats-Unis et la publication d’un rapport parlementaire sur les fuites orchestrées par Edward Snowden relancent le débat sur le lanceur d’alerte américain exilé en Russie.

Nombre de journalistes engagés, acteurs de la société civile et d’élus considèrent Edward Snowden comme un patriote, voire même un héros qui a révélé les pratiques abusives et « illégales » d’un gouvernement obnubilé par son besoin d’information depuis les attentats du 11 septembre. En 2013, près de 170.000 personnes signaient ainsi une pétition demandant au Président Obama de gracier leur « héros ».

Mais le gouvernement américain et les experts du renseignement se sont montrés aussi intransigeants qu’unanimes : #EdwardSnowden, ancien employé des services de #renseignement américains, est un traître. Il a volé des centaines de milliers de documents contenant des informations extrêmement sensibles qui détaillent l’ampleur des activités de renseignement américaines. Cette fuite massive a bénéficié à de nombreux services étrangers, en particulier à la #Russie qui héberge d’ailleurs Snowden depuis plusieurs années.

Épris de justice ou menteur narcissique ?

Le film réalisé par d’Oliver Stone , qui sortira dans les salles françaises le 1 novembre 2016, présente Edward #Snowden comme un être humain humble et épris de justice . Cependant, le rapport publié par le comité sur le renseignement de la Chambre des représentants américaine dépeint un menteur narcissique en conflit avec sa hiérarchie.

Au-delà du débat sur la personnalité de Snowden, un certain nombre de faits sont avérés. Edward Snowden n’est pas un #lanceurdalerte au sens légal du terme. En révélant des secrets du renseignement américain, il a violé la loi et fait logiquement l’objet d’une plainte pénale . Ses #révélations ont affecté la capacité d’action et la réputation des services américains et, par conséquent, de leurs nombreux alliés .

Un espion russe ?

Snowden vit depuis deux ans en Russie et, pour beaucoup d’experts, il ne fait guère de doute que, pour ou contre son gré, il est un agent des services russes . L’ancien contractuel de la #NSA serait donc un pion dans une plus large opération russe visant à décrédibiliser le leadership des Etats-Unis sur l’échiquier international.

Malgré leur caractère illégal et les risques qu’elles continuent de poser, force est de constater que les fuites orchestrées par Edward Snowden ont poussé la communauté américaine du renseignement à devenir plus #transparente, notamment avec la mise en place du site IC on the record , et la publication d’un plan de transparence par le directeur national du renseignement. On notera au passage que peu de démocraties occidentales sont aussi ouvertes à propos de leur appareil de renseignement que les #EtatsUnis.

Traître utile

Pour ses défenseurs, les fuites de Snowden sont dès lors justifiées puisqu’elles ont permis de faire avancer le débat sur les pratiques du renseignement en démocratie. Pourtant de nombreuses informations révélées par la presse suite à ces fuites – comme le budget détaillé du renseignement américain – n’étaient pas  nécessaire au débat public sur le renseignement. En prenant du recul on se rend aussi compte que les débats passionnés suscités par l’affaire Snowden ne sauraient remplacer le débat de fond sur le renseignement dont les démocraties occidentales ont besoin.

Au final, Edward Snowden est un traître utile. Il a trahi la confiance de son pays en volant des secrets qui ne lui appartenaient pas et préféré s’installer en Russie plutôt que de faire face à la justice de son pays. Ses actions n’en restent pas moins utiles puisqu’elles ont déclenché un débat, nécessaire et imparfait, sur la #surveillance au 21e siècle. Elles sont encore utiles puisque, comme le notait récemment un ancien haut responsable de la La Direction générale de la sécurité extérieure (#DGSE ), elles ont fait les choux gras des services de renseignement dans le monde.

Damien Van Puyvelde est enseignant-chercheur à l’université du Texas, spécialiste des questions de sécurité et de renseignement

lire sur lesechos.fr

publié le 19 septembre 2016

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