Que devient L214, l’association qui dénonce les maltraitances animales ?

29 mars 2016. Un nouveau cas de maltraitance animale est signalé dans un abattoir. Cette fois, c’est un établissement de Mauléon-Licharre, dans les Pyrénées-Atlantiques, qui est concerné. Le scandale est révélé grâce à une vidéo tournée en caméra cachée. A l’origine de cette révélation, l’association de défense des animaux L214. 

Son porte-parole, #SébastienArsac, dénonce la sauvagerie des employés.  « On voit très bien que les coups donnés sur les agneaux sont des coups routiniers. Il y a plusieurs employés qui font les mêmes gestes qui sont des opérations complètement habituelles. Ils ne se posent aucune question. Je ne peux pas imaginer que les directeurs n’aient pas vu ces pratiques là ».

Caméras cachées

Après ce nouveau scandale visant un abattoir, le quatrième en l’espace de quelques mois, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, ordonne des inspections dans tous les établissements de France. Le ministre décrète aussi un plan en faveur du bien-être animal et la création d’un délit de maltraitance. Abattoir après abattoir, l’association #L214 continue à infiltrer, à filmer, à dénoncer. Et dans chaque établissement visité ou presque, des maltraitances sont commises regrette Sébastien Arsac, le porte-parole de l’association.  « A chaque fois, on a des cas de maltraitances, il suffit de poser les caméras quelques jours dans un abattoir pour forcément sur une matinée d’abattage avoir des cas de mauvais traitements. La difficulté, c’est de pouvoir se rendre dans un abattoir ou d’avoir des personnes qui puissent témoigner de ce qui se passe à l’intérieur des abattoirs »  explique Sébastien Arsac qui assume les caméras cachées utilisées pour dénoncer les scandales.  « On sait que ces images sont ‘déloyales’ au sens où on ne demande pas l’autorisation aux gérants des abattoirs qui de toute façon refusent systématiquement. Voler ces images, c’est la seule façon de montrer une parcelle de la réalité, de la vérité. C’est ça qui compte ».

Lanceurs d’alerte

Pour dénoncer les scandales dans les abattoirs, l’association L214 s’appuie sur un nombre de plus en plus important de #lanceursdalerte.  « Ce sont des personnes qui ont accès aux abattoirs » explique Sébastien Arsac. « Beaucoup de gens peuvent témoigner, il peut y avoir des employés évidemment, mais aussi des équipes de maintenance, des chauffeurs… beaucoup de gens ont accès aux abattoirs. Parmi ces gens-là, certains sont choqués et ils nous contactent. A force, l’association gagne en notoriété » détaille l’un des porte-parole de l’association qui protège l’anonymat des lanceurs d’alerte.  « Ils n’ont pas été identifiés et il n’y a pas eu de conséquences (pour eux). On tient beaucoup à protéger au maximum l’anonymat des personnes ce qui garantit un peu pour nous qu’il y ait d’autres lanceurs d’alerte. Quelque part, on devient un peu une boîte aux lettres ou un guichet par rapport aux dénonciations de ce qui se passe dans les élevages ou dans les abattoirs » relate Sébastien Arsac. L’association dispense des conseils techniques aux volontaires et peut leur prêter du matériel vidéo.

Réponses du ministère

Lors de ses inspections, le ministère de l’agriculture annonce avoir relevé un faible taux de cas de négligence dans les abattoirs. « J’aurais pu parier sur ce bilan » ironise Sébastien Arsac. « 5%, c’est un petit chiffre mais les inspections sont annoncées. De toute façon, les services vétérinaires sont en permanence dans les abattoirs et n’ont pas réussi à détecter les maltraitances qu’on voit sur nos images. C’est plus une communication de pompiers pour essayer de rassurer le consommateur et éteindre un peu l’incendie que provoquent ces images ». Au début de l’été, l’association L214 a dénoncé deux nouveaux scandales de maltraitance animale dans des abattoirs de Pézenas, dans l’Hérault, et de Puget-Théniers, dans les Alpes-Maritimes. Ce sont les 6e et 7e cas révélés en France par l’association, en l’espace de quelques mois.

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Par Sébastien Baer

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