Alors que le « grand » procès du Mediator se fait attendre, la guerre des chiffres autour du nombre de morts fait rage. Spécialiste de l’épidémiologie appliquée aux #médicaments et à leurs effets, le professeur Bernard Bégaud explique la différence entre les critères d’imputabilité et d’attribuabilité qui sous-tendent ce combat d’experts.
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Le pharmacoépidémiologiste rappelle que, avec le #Mediator, nous ne sommes pas dans un monde parfait où l’on connaîtrait toutes les personnes exposées et tous les cas d’atteinte des #valvescardiaques et de #mort de cette cause. Par conséquent, il est impossible d’avoir les mêmes chiffres lorsque l’on fait de l’imputation au cas par cas – ce que fait l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (#Oniam), dont la logique est de savoir s’il faut ou non indemniser– et quand on détermine la fraction attribuable au #médicament dans les #décès.
« Il ne faut donc pas voir de contradiction entre le nombre de décès identifiés et les évaluations des #épidémiologistes, qui restent des estimations. La population analysée par les experts de l’Oniam est beaucoup plus petite que la population exposée au #benfluorex. De plus, elle présente des biais de sélection : il y a ceux qui, eux-mêmes ou leurs ayants droit, n’ont pas effectué de démarches auprès de l’Office, ou qui ne disposaient plus de leurs ordonnances, qui ont été découragés ou qui ont pu être sollicités pour un arrangement amiable hors procédure d’indemnisation. L’essentiel est que la molécule, dont le bénéfice thérapeutique était très discutable, a provoqué des décès. »
Par Paul Benkimoun
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