Antoine Deltour : « Les risques que j’ai pris étaient utiles »

Le lanceur d’alerte Antoine Deltour, 30 ans, jugé depuis le 26 avril au Luxembourg dans l’affaire LuxLeaks qu’il a révélée en 2012 à la presse, attend que la cour rende son verdict. Si le jeune homme encourt 18 mois de prison, notamment pour violation du secret professionnel, il reste serein, convaincu d’avoir oeuvré pour le « bien commun » contre l’ampleur prise par l’évasion fiscale au sein même de l’Union européenne…

A deux jours du verdict dans l’affaire LuxLeaks, prévu ce mercredi 29 juin, Antoine Deltour, 30 ans, le lanceur d’alerte à l’origine du scandale, ancien auditeur pour le cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC), est serein. « Je suis heureux, même fier », explique-t-il dans une interview accordée, ce lundi, à  Car ses « révélations » autour des tax ruling, les accords confidentiels signés par centaines entre le Grand Duché et quelques unes des plus importantes multinationales par l’intermédiaire de PwC afin de bénéficier d’avantages fiscaux, ont eu des « répercussions concrètes » sur les acteurs politiques et le monde des affaires. Il encourt pour sa part 18 mois de prison au Luxembourg où il est jugé depuis le 26 avril pour (entre autres) « vol, et violation du secret professionnel et du secret des affaires ». 

Après LuxLeaks, la lutte contre l’évasion fiscale renforcée

Depuis qu’Antoine Deltour a transmis les données de PwC, en 2012, au journaliste de Cash Investigation, Edouard Perrin, également poursuivi par la justice luxembourgeoise, depuis que le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) s’est à son tour emparé du sujet à l’automne 2014, la lutte contre l’évasion fiscale a en effet été renforcée. Notamment par une directive européenne adoptée à l’automne 2015 imposant aux états membres d’informer leurs partenaires européens des accords secrets signés avec les industriels, ou encore en France par l’émergence dans le débat public de la question de la protection des lanceurs d’alerte, un statut désormais reconnu par le projet de loi Sapin II sur la transparence, la lutte contre la corruption et la modernisation de la vie économique.

Antoine Deltour ou la lutte pour « le bien commun »

« Cela montre que les risques que j’ai pris étaient utiles. Il y a eu une avancée dans la réglementation (…) cela légitime ma démarche, mon geste était en faveur du bien commun », poursuit dans Rue89 Antoine Deltour, qui confie toutefois s’être senti par moments « très isolé ». « Lorsque j’ai fait ma sortie publique c’était du message et non du messager que je voulais parler », conclut le jeune homme, « mais peu à peu la cause des lanceurs m’est tombée dessus. La cause des messagers s’est inscrite dans une réflexion plus large, car sans eux il n’ y a pas d’actions possibles. » En cas de condamnation, Antoine Deltour n’exclut pas de faire appel, non tant par « intérêt personnel », dit-il, mais pour tous les autres qui viendront être, dans le futur, après lui…

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